Question de Chypre et adhésion de la Turquie à l’Union européenne

L’adhésion de la Turquie à l’U.E. n’est pas liée uniquement et n’est pas conditionnée simplement par le fait de la reconnaissance turque du génocide arménien.

Outre le problème arménien, et la position de la Turquie concernant le conflit arméno-azerbaïdjanais, ainsi que les différentes conditions nécessaires misent en place par l’U.E. à l’encontre des États européens candidats à une adhésion à l’U.E., sur les différents niveaux juridiques, politiques, technologiques, économiques, sociales, moyens de transport, la reprise de l’acquis communautaire et autres ; l’occupation turque pour la Chypre du Nord constitue de même une raison essentielle et un obstacle majeur pour l’adhésion de la Turquie à l’U.E.

La question chypriote a constitué l’un des problèmes les plus épineux soulevés par le dernier élargissement de l’U.E. De son règlement dépend en grande partie l’issue des négociations d’adhésion entre l’U.E. et la Turquie.

Chypre du Nord, en forme longue la République turque de Chypre du Nord [] est une république non reconnue internationalement. Elle a été proclamée le 15 novembre 1983 après l’occupation militaire de la partie nord de l’île en 1974 par la Turquie, officiellement en réponse au coup d’État de la garde nationale sous la direction d’officiers grecs qui voulaient rattacher l’île à la Grèce.

L’État de Chypre du Nord n’est reconnu que par la Turquie ; l’O.N.U. [] et le Conseil de l’Europe [] considèrent la partie nord de l’île comme occupée par la Turquie où les forces armées turques maintiennent une présence militaire de près de 30 000 hommes [] et ont favorisé l’implantation de quelque 120 000 colons anatoliens depuis 1974 []. L’armée turque occupant environ 40 % du territoire dans la partie nord, Chypre (y compris sa capitale Nicosie) est aujourd’hui divisée en deux entités séparées par la Ligne verte dite « ligne Attila ». Chypre, tout en étant membre de l’Union européenne de facto pour sa partie sud, de jure pour toute l’île.

Depuis la proclamation de son indépendance, Chypre du Nord reçoit des aides d’ordre économique, politique et militaire de la part de l’État turc.

Lors du Conseil européen de décembre 2004, les dirigeants européens décident d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la Turquie à la date du 3 octobre 2005, tout en soumettant le franchissement de cette étape décisive à un certain nombre de conditions : parmi celles-ci, l’extension par Ankara de l’accord d’association conclu en 1963 avec la C.E.E. à l’Union européenne des 25 (dont l’un des membres n’est autre que la République de Chypre, que les autorités d’Ankara ont pour l’heure refusé de reconnaître).

En acceptant l’adhésion de Chypre non-unifiée, l’U.E. a intentionnellement ou non fermé la porte à la Turquie et accepté en son sein un pays dont les frontières sont contestées et les relations avec ses voisins hostiles. Chypre est de ce fait un précédent.

 

L’adhésion donc de la Turquie à l’U.E. est conditionnée par plusieurs facteurs, dont le plus important parmi eux sera la question chypriote.

La question arménienne, le problème arméno-azerbaïdjanais et les autres critères d’adhésion institués par l’U.E., sont pareillement des facteurs essentiels pour une éventuelle adhésion de la Turquie à l’U.E.

Cette adhésion alors est rattachée surtout par le déblocage du conflit turco-chypriote, et au sens plus large, par la libération de la région du Caucase, qui abrite plusieurs conflits, passant par l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie.

Une solution complète pour les problèmes de cette région sera éventuellement nécessaire pour que l’adhésion de la Turquie à l’U.E. puisse être réalisable et franchissable.


Rodney Dakessian

Beyrouth, le 15 juillet 2013

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