L’existence des milliers des Arméniens de partout dans le monde, prouve clairement que le génocide qui s’est déroulé en 1915, continue à reproduire ses effets qui n’ont, jusqu'à nos jours, jamais étaient réparés.
La population arménienne compte aujourd’hui environ 10 millions d’Arméniens, dont presque 3 millions vivent en Arménie, le reste est répartie partout dans le monde. Les populations d’origine arménienne distribuées de partout dans le monde, subissent continuellement et graduellement la perte de leur identité nationale arménienne.
Cependant, la confiscation et la destruction des propriétés du peuple arménien et de leur mémoire historique ont été poursuivies. Ces actes visaient à détruire la preuve de l'existence des Arméniens dans l'Asie mineure pour 20 siècles.
Les biens Arméniens furent saisis en 1915 par le gouvernement jeune-turc et le Trésor ottoman en reçut des inventaires détaillés. On délivra même des certificats pour les avoirs des Arméniens tués ou déportés. L'argent arménien, comme l'or juif d'Hitler, quitta la Turquie et fut placé dans des banques en Autriche et en Allemagne.
Les premiers comptes et autres avoirs bancaires Arméniens furent confisqués dans les provinces puis transférés sur ordre du gouvernement à Constantinople.
Puisqu'il existe des traces officielles des comptes, quand les banques turques publieront-elles les noms des Arméniens dont l'argent ne fut jamais réclamés ? Quand le gouvernement turc sortira-t-il de ses archives les registres portant les listes des biens Arméniens confisqués ?
En plus du massacre et de l'expulsion de plus de deux millions d'individus, le gouvernement turc a volé les avoirs des Arméniens, confisqué leurs biens et détruit leurs monuments historiques. Collectivement, ces actes représentent un immense transfert illégal de capitaux individuels et communautaires de la population arménienne vers les populations turque et kurde dans le cadre d'un crime planifié.
Aujourd'hui, en dehors d'Istanbul, les Arméniens ne possèdent que six églises, aucun monastère et aucune école. Qu'est-il advenu des 2500 autres et du reste des biens Arméniens ? Quelle est la valeur du patrimoine arménien perdu du fait du massacre et de l'exil systématiques ?
Dans ce contexte, on cite de même les mesures turco-azerbaïdjanais, qui visent à changer les traces de l'existence arménienne dans la région de Karabakh et de contester l'identité arménienne pour cette région.
Cela est considéré de part et d’autre, une continuité pour le crime commit envers les Arméniens.
Le négationnisme pareillement constitue une forme de refus de vouloir réparer la situation illégale créée par le prédécesseur de l’État turc actuel qu’est l’Empire ottoman et une condition nécessaire pour la reconnaissance de la responsabilité de la Turquie pour le crime de 1915.
Les autorités officielles turques actuellement entreprennent une politique systématique et ordonnée de négation du génocide de 1915. D’un point de vue moral, la négation du génocide, tout en étant sa suite logique, est plus grave encore que l’absence de reconnaissance. La négation inscrit le génocide dans la continuité et empêche toute rupture par rapport aux événements passés. C’est clairement la continuation du génocide par le moyen des mots et de la rhétorique. Comme le dit R. Hovannisian : « La négation du génocide est le stade final du génocide : elle tue la dignité des survivants et détruit la mémoire du crime ».
Rodney Dakessian
Beyrouth, le 23 juillet 2013